Yvan Colonna une figure du nationalisme corse
Yvan Colonna, natif de Cargèse en Corse, est un nom qui déchaîne les passions et les débats depuis plus de deux décennies dans l’Hexagone. Proche de la nature, berger de profession et fils de l’élu de droite Jean-Hugues Colonna, il s’inscrit dès sa jeunesse dans le sillage du mouvement nationaliste corse. Défenseur d’une île souveraine, attaché à ses racines et à sa langue, Yvan Colonna est rapidement associé, dans l’imaginaire collectif, à la lutte armée pour l’autodétermination de la Corse.
Le militantisme d’Yvan Colonna
Dès les années 1990, Colonna s’illustre dans le paysage politique insulaire, s’engageant aux côtés de diverses organisations nationalistes. Célibataire de la clandestinité, il refuse les compromis et s’entoure de figures connues du milieu militant corse. Mais à mesure que la situation se tend sur l’île, notamment après la multiplication d’attentats contre les symboles de l’État, les tensions s’exacerbent entre militants et forces de l’ordre.
Le mouvement nationaliste corse, avec ses différentes composantes (FLNC, MPA, Canal historique…), revendique des actions violentes mais aussi la préservation de l’identité insulaire. Colonna s’impose comme un acteur discret, côté ombre, loin des projecteurs. Pourtant, son nom va bientôt dépasser les frontières de l’île, propulsé au cœur de la plus grande affaire criminelle corse de l’histoire récente.
L’affaire Erignac le point de bascule
Dans la nuit du 6 février 1998, le préfet de Corse Claude Erignac est abattu en pleine rue à Ajaccio. Rapidement, l’enquête s’oriente vers la mouvance nationaliste. Après plusieurs arrestations, Yvan Colonna est désigné comme le principal suspect. Pourtant, il prend la fuite et entre dans la clandestinité, tandis que la traque policière devient l’une des plus médiatisées de France.
Pendant plus de quatre ans, Colonna échappe à toutes les recherches. Ce n’est qu’en 2003 qu’il est retrouvé dans une bergerie isolée, à Arghjusta, au cœur du maquis corse. Son arrestation suscite un vif émoi, sur l’île comme sur le continent. S’ouvre alors une longue bataille judiciaire, entachée de controverses : contestation des aveux de ses co-accusés, débats sur l’équité du procès… Après plusieurs procès et appels, Yvan Colonna est définitivement condamné à la réclusion criminelle à perpétuité en 2011, niant toujours son implication dans l’assassinat du préfet.
Le drame d’Arghjusta le dernier acte
La prison ne fera cependant pas taire le nom de Colonna. Le drame se joue bien plus tard, le 2 mars 2022, au centre pénitentiaire d’Arles. Il est violemment agressé par un codétenu, un islamiste radicalisé. L’attaque, d’une rare brutalité, suscite stupeur et indignation, aussi bien chez les partisans de Colonna que dans la classe politique. Touché à la tête, dans le coma pendant plusieurs jours, Yvan Colonna succombera à ses blessures le 21 mars 2022.
Ce décès réveille les plaies ouvertes de la société corse. Beaucoup s’interrogent : pourquoi Yvan Colonna, alors réputé détenu sensible, restait-il incarcéré loin de sa terre natale et de ses proches ? Les autorités françaises sont alors pointées du doigt pour leur gestion litigieuse du statut des prisonniers dits “détenus particulièrement signalés” (DPS). L’affaire Colonna prend dès lors une nouvelle dimension, politique et humaine, débordant le seul champ judiciaire.
Pourquoi l’affaire Colonna fascine toujours
À travers le parcours d’Yvan Colonna, c’est toute la complexité de la question corse qui s’exprime : identité, violence, justice, désir d’indépendance. Son histoire soulève de multiples interrogations, encore vives aujourd’hui :
- La justice française a-t-elle véritablement garanti un procès équitable ?
- Colonna fut-il un bouc émissaire, victime d’un appareil judiciaire pressé de conclure l’enquête ?
- Son statut de prisonnier DPS était-il motivé par la sécurité ou par une volonté d’éloigner un symbole gênant ?
- Quel est le poids de la mémoire, du doute et de la douleur dans la façon dont la société corse vit ce drame ?
Pièce maîtresse d’un puzzle aux contours flous, Yvan Colonna n’a jamais cessé de clamer son innocence. Son destin, tragiquement scellé entre la montagne corse et la froideur d’une cellule provençale, résonne comme une énigme non résolue, nourrissant toujours émotion et polémique.
Et vous, pensez-vous que l’ombre du doute plane encore sur cette affaire ? La société corse saura-t-elle, un jour, panser les blessures ouvertes par ce drame ?
Du militantisme passionné à l’ultime drame, Yvan Colonna demeure une énigme où se mêlent douleur collective et quête de vérité. Dans l’île comme sur le continent, son histoire continue d’alimenter débats, émotions et interrogations, en attendant que justice et mémoire trouvent un apaisement.
