Giuseppe Sasia, né le 26 mai 1886 à Rossana dans le Piémont italien et exécuté le 17 février 1936 à la prison de Draguignan (Var), est un tueur en série italien ayant sévi en France. Surnommé « le tueur de bergers » et « le tueur du Haut-Var », il est responsable de plusieurs meurtres commis dans les années 1930. Ses crimes ont profondément marqué la région du Haut-Var et ont suscité une vive émotion au sein de la population.
Biographie
Origines et arrivée en France
Giuseppe Sasia arrive en France à la fin du XIXᵉ siècle, à l’âge de dix ans. Son père, paysan italien, immigre avec sa famille et s’installe aux Arcs, où ils exploitent une propriété. Après la mort de son père et le retour de sa mère en Italie, Giuseppe et son frère vendent la propriété familiale, réalisant un important bénéfice. Ils rachètent une ferme qu’ils revendent également avec profit.
Vie professionnelle et personnelle
Sasia achète un restaurant aux Arcs et travaille quelque temps dans un établissement à Draguignan, ville où il se rend régulièrement pour acheter des munitions. Il vit dans une petite maison en pierre au milieu d’un champ, est peu sociable et effraie ses voisins. Bien qu’il fréquente une femme, il reste très solitaire. Il aurait eu une liaison avec une Dracénoise qui le rejeta lorsqu’il n’eut plus d’argent.
Démêlés avec la justice
Connu pour plusieurs affaires de vol, Giuseppe Sasia est condamné à quatre reprises. Il est également impliqué dans des affaires de chasse sans permis. Ses antécédents judiciaires et son comportement étrange attirent l’attention des autorités locales.
Les crimes du Haut-Var
Les meurtres commis par Sasia se déroulent dans un périmètre restreint du Haut-Var, d’où son surnom de « tueur du Haut-Var ». Les victimes sont principalement des personnes isolées, assassinées pour de modestes butins.
Joseph Roumo
En 1930, Joseph Roumo est assassiné devant sa boutique à Flayosc. Bien que les circonstances de sa mort présentent des similitudes avec les autres meurtres, Sasia ne sera finalement pas poursuivi pour ce crime.
Marius Vassal
Le 4 mars 1934, Marius Vassal, horticulteur, est tué d’un coup de fusil alors qu’il fait une sieste près d’un chêne à Taradeau. Son corps est retrouvé caché, et les cent francs qu’il transportait ont disparu. Un « dément » est initialement inculpé mais décède peu après, soulevant des doutes sur la véritable identité du meurtrier.
Fernand Troin
Le 5 août 1934, Fernand Troin, octogénaire, est assassiné à Flayosc. Alors qu’il rentre chez lui avec des provisions, il est abattu d’un coup de fusil. Le tueur lui vole ses provisions et les dix francs qu’il portait sur lui.
Félicien Rouvier
Le 19 octobre 1934, Félicien Rouvier, berger de 35 ans, est tué à Ampus. Sasia, connaissant les habitudes du berger, se poste dans sa bergerie déserte et l’abat à son retour. Il lui vole une montre, un mouchoir et environ 150 francs.
Gianni Galliano
Le 30 novembre 1934, Gianni Galliano, chauffeur de 26 ans, est assassiné à Vérignon lors d’un trajet professionnel. Sasia l’interpelle sur la route, le tue d’un coup de fusil et le dépouille. Les gendarmes retrouvent les gants de Galliano lors de la perquisition du domicile de Sasia.
Arrestation
Giuseppe Sasia est arrêté par deux gendarmes patrouillant le long de la voie ferrée reliant Vidauban aux Arcs. Son attitude suspecte et le fait qu’il porte un fusil en bandoulière sans permis de chasse attirent l’attention des autorités. Lors de la perquisition de sa maison, les gendarmes découvrent des objets appartenant aux victimes, notamment la montre de Félicien Rouvier et les gants de Gianni Galliano. Confronté aux preuves, Sasia avoue les meurtres de Rouvier et Galliano, puis reconnaît ceux de Vassal et Troin.
Procès
Le procès de Giuseppe Sasia s’ouvre le 5 novembre 1935 devant les assises. Il reconnaît les meurtres de Rouvier et Galliano mais nie ceux de Vassal et Troin, plaidant la légitime défense pour les deux premiers. Les experts balistiques établissent que les quatre victimes ont été tuées avec le même type d’arme et de munitions. Le médecin-chef de l’hôpital psychiatrique de Pierrefeu le déclare pleinement conscient de ses actes, soulignant son absence totale de remords.
Après une courte délibération, les jurés le déclarent coupable des quatre meurtres. Il est condamné à la peine de mort. Plus de cinq cents personnes assistent au verdict, témoignant de l’impact de l’affaire sur la population locale.
Exécution
Malgré les recours en grâce, Giuseppe Sasia est exécuté le 17 février 1936 à 6 h 10 devant la prison de Draguignan. Un important dispositif policier est mis en place pour empêcher la foule d’assister à l’exécution. Ses dernières paroles auraient été : « C’est embêtant de mourir ». Son corps est enterré au cimetière de Draguignan.
Polémique sur la non-expulsion
Une controverse éclate concernant le fait que Sasia, ressortissant italien, aurait dû être expulsé de France après ses précédentes condamnations. La gendarmerie avait émis une demande d’expulsion, restée sans suite. Cette négligence administrative suscite des critiques envers les autorités préfectorales, accusées de laxisme.
Conclusion
L’affaire Giuseppe Sasia a marqué l’histoire criminelle française des années 1930. Surnommé « le tueur de bergers », Sasia a semé la terreur dans le Haut-Var, assassinant plusieurs personnes pour de maigres butins. Son arrestation, son procès et son exécution ont suscité une forte couverture médiatique et ont mis en lumière des failles dans le système administratif de l’époque. Cette tragédie reste un sombre chapitre de la criminalité en France, rappelant l’importance de la vigilance et de la justice.
1 réflexion au sujet de « L’affaire Giuseppe Sasia : le tueur en série du Haut-Var »