L’affaire Marcel Redureau

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L’affaire Marcel Redureau est l’une des tragédies les plus choquantes du début du XXᵉ siècle en France. En 1913, un adolescent de 15 ans a assassiné sept personnes, dont les membres de la famille Mabit et leurs domestiques, dans le paisible village du Landreau, près de Nantes. Ce crime atroce a profondément marqué les esprits et suscité une large couverture médiatique, soulevant des questions sur la nature humaine et la criminalité juvénile.

Présentation de la Famille Mabit

La famille Mabit était une famille respectée du Landreau, en Loire-Inférieure (aujourd’hui Loire-Atlantique). Jean-Marie Mabit, 42 ans, exploitait un petit vignoble et une ferme. Il vivait avec sa femme de 38 ans, sa mère de 79 ans, et leurs quatre enfants : Marie (8 ans), Henriette (7 ans), Joseph (4 ans) et Pierre (2 ans). Pour les aider dans les tâches quotidiennes, ils employaient deux domestiques :

  • Marie Dugast, 16 ans, assistait Madame Mabit dans les travaux domestiques et l’éducation des enfants.
  • Marcel Redureau, 15 ans, aidait Jean-Marie Mabit dans les travaux agricoles.

La Découverte Macabre

Le 1ᵉʳ octobre 1913, vers 5 heures du matin, les voisins, inquiets de ne voir aucune activité autour de la maison des Mabit et apercevant le petit Pierre seul sur le seuil, décidèrent d’enquêter. Ils furent horrifiés de découvrir les corps sans vie de Madame Mabit et de Marie Dugast dans la cuisine, baignant dans une mare de sang.

Alertée, la gendarmerie du Loroux-Bottereau arriva sur les lieux et découvrit une scène de crime effroyable :

  • La grand-mère, trouvée dans son lit, la gorge tranchée.
  • Les trois enfants, Marie, Henriette et Joseph, également égorgés dans leurs lits, les murs de leur chambre éclaboussés de sang.
  • Jean-Marie Mabit, retrouvé avec des blessures similaires aux autres victimes.

Le Profil de Marcel Redureau

Une personne manquait à l’appel : Marcel Redureau. Jusqu’alors considéré comme un adolescent sans histoire, timide et intégré, il était issu d’une famille appréciée du village. Ses parents habitaient le village voisin, et sa relation avec la famille Mabit était jugée amicale.

Les Faits : Une Série de Meurtres Horribles

Selon les aveux de Marcel Redureau, les événements se seraient déroulés comme suit :

  1. Conflit dans les vignes : Le 30 septembre 1913, lors des travaux de taille des vignes, une remarque de Jean-Marie Mabit sur le travail de Marcel aurait déclenché sa colère.
  2. Premier meurtre : Saisissant sa serpe, Marcel aurait assassiné son employeur sur le champ.
  3. Retour à la maison : Il se rendit ensuite à la maison des Mabit.
  4. Assassinats successifs :
    • Marie Dugast fut tuée dans la cuisine.
    • Madame Mabit, alertée par les cris, subit le même sort, entraînant également la mort du bébé qu’elle portait depuis sept mois.
    • La grand-mère fut tuée dans sa chambre.
    • Les trois enfants furent assassinés dans leurs lits.

Après ces actes, Marcel retourna chez ses parents comme si de rien n’était.

L’Enquête et l’Arrestation

Les gendarmes retrouvèrent rapidement Marcel Redureau. Il n’opposa aucune résistance lors de son arrestation et avoua immédiatement ses crimes. Son absence de remords et son calme glacial lors des interrogatoires choquèrent profondément les enquêteurs et la population.

L’Impact Médiatique et la Réaction du Public

L’affaire fit la une des journaux nationaux, qui la comparèrent à l’affaire Troppmann, un autre crime familial célèbre. La jeunesse de Marcel Redureau et l’atrocité de ses actes suscitaient incompréhension et horreur. Les habitants du Landreau, ainsi que sa propre famille, étaient stupéfaits ; personne n’aurait pu imaginer que cet adolescent sans antécédents criminels puisse commettre un tel massacre.

Des écrivains, tels qu’André Gide dans « L’Affaire Redureau », s’inspirèrent de cette tragédie pour explorer les profondeurs de la nature humaine.

Le Procès et le Destin de Marcel Redureau

Au début de 1914, Marcel Redureau fut jugé pour ses crimes :

  • Évaluation psychologique : Les médecins conclurent qu’il ne souffrait d’aucune aliénation mentale. Ils le décrivirent comme timide mais conscient de ses actes.
  • Tentative de suicide : Selon les gardiens de la prison, il aurait tenté de se suicider, sans succès.
  • Verdict : Le 3 mars 1914, il fut reconnu coupable sans circonstances atténuantes.
  • Condamnation : En raison de son jeune âge, il fut condamné à 20 ans de détention dans une colonie correctionnelle.
  • Décès : Il mourut de la tuberculose en 1916, à l’âge de 18 ans.
  • Conséquences pour la famille : Ses parents, accablés par le drame, déménagèrent dans le sud de la France.

Conclusion

L’affaire Marcel Redureau reste l’un des crimes les plus incompréhensibles de l’histoire criminelle française. Le massacre de la famille Mabit par un adolescent sans antécédents violents soulève encore aujourd’hui des questions sur les facteurs qui peuvent conduire à de tels actes. Cette tragédie a non seulement marqué une époque, mais elle continue de servir de sombre rappel des mystères de la psyché humaine.

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